Le Monastrell, de l’Espagne à l’Australie

Que vous l’appeliez Monastrell, Mourvèdre ou Mataro, connaissez-vous véritablement ce cépage rouge ancien implanté de l’Espagne à l’Australie ? Place à un voyage gustatif qui débute sur le littoral méditerranéen…

Un cépage explorateur

Ses origines remontent à l’Antiquité, ce qui les rend difficiles à définir avec précision. Toutefois, les historiens s’accordent à dire qu’il viendrait d’Espagne, et plus précisément de Murcie et d’Alicante. Il se complaît parfaitement sur ces terres chaleureuses qui l’ont aidé à développer une belle résistance aux climats arides. Son nom serait un dérivé de l’espagnol « monasterio » qui signifie monastère. On l’explique par son utilisation par les moines au cours du Moyen Âge, période à laquelle les ecclésiastiques ont largement contribué à l’expansion de la viticulture. Il est ensuite arrivé en France, par le biais des colons espagnols ou des marchands. Il est alors renommé Mourvèdre et trouve son terroir de prédilection à Bandol, en Provence. Les embruns de la Méditerranée et les sols drainants lui permettent de révéler tout son potentiel.

Mais sa formidable aventure ne s’arrêtera pas là. Il conquiert tour à tour la Vallée du Rhône et le Languedoc-Roussillon où il agit en tant que cépage secondaire dans les assemblages, en compagnie notamment du Grenache et de la Syrah. Plus encore, il traverse les océans pour aller s’épanouir dans le Nouveau Monde. La Californie l’accueille à bras ouverts et il y prend le nom de Mataro. Même constat en Australie où il signe un parcours incroyable, s’adaptant de mieux en mieux aux régions chaudes de la Barossa Valley et McLaren Vale.

Renaissance internationale

A l’image de nombreuses autres variétés, il a été touché de plein fouet par la crise du phylloxéra. Sa superficie décline et les vignerons lui préfèrent des cépages plus faciles à conduire. Cependant, la seconde moitié du XXe siècle lui sera favorable grâce à un regain d’intérêt pour l’authenticité méditerranéenne. Il retrouve sa place sur la scène internationale en brillant dans des flacons concentrés aux notes de fruits noirs, d’épices et de garrigue.

Il appartient à la catégorie des cépages tardifs et a besoin de beaucoup de chaleur et de soleil pour parvenir à maturité optimale. Résistant à la sécheresse, on le reconnaît à ses grappes petites et compactes garnies de baies à la peau épaisse. Leur peau riche en tanins est en grande partie responsable des cuvées profondes et structurées qu’il délivre. Entre acidité marquée, superbe trame tannique et palette aromatique complexe, il séduit sur tous les territoires.

De multiples facettes

Dans le sud-est de l’Espagne, ses raisins gorgés de soleil produisent des rouges intenses aux tanins bien présents et à la concentration aromatique importante. Le bouquet est dominé par les fruits noirs, parmi lesquels la prune et la mûre, les épices, et parfois une touche de réglisse. Leur structure leur confère une bonne aptitude au vieillissement. En Californie, surtout à Paso Robles et dans la Central Coast, il se fait plutôt souple et accessible. La cerise noire rencontre la framboise, le poivre noir, la cannelle, et de délicats parfums floraux. Ils sont plus légers que leurs homologues européens et se distinguent par leur fraîcheur.

En Australie où on l’assemble, comme dans le Rhône, au Grenache et à la Syrah, il est généreux et chaleureux. Ses tanins fondus viennent soutenir de délicieuses fragrances de fruits rouges mûrs et noirs. Le nez peut également être ponctué de notes épicées et herbacées. L’Afrique du Sud et l’Italie le cultivent plus confidentiellement mais leurs vins valent tout de même le détour. Au programme, des épices, un fruité magnifique et une structure tannique intéressante.

Le Monastrell est une variété à l’histoire complexe, marquée par ses périples et son adaptation à divers climats et terroirs.

Découvrez nos vins issus du Monastrell

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